Travailler pour l’oppresseur : le destin cruel des salariés agricoles en Palestine.

Une ancienne volontaire d’Echanges & Partenariat et la Confédération Paysanne évoquait le jeudi 30 juin sur Radio Canut la situation des salariés agricoles en territoires occupés palestiniens. Dans l’émission “Les paysan-ne-s dans la lutte des classes” consacrée à l’agriculture et les luttes paysannes, elle évoque la destruction des sociétés paysannes et la prolétarisation des agriculteurs à des fins politiques.

Pendant 5 mois, cette ancienne volontaire a travaillé dans les colonies israéliennes avec l’UAWC, une ONG Palestinienne qui défend une agriculture paysanne palestinienne. Durant cette émission d’une heure, elle évoque le système agricole palestinien, la violence de l’occupation, la problématique centrale de l’eau, l’Histoire de la résistance paysanne…

Elle dénonce « des paysans soumis à l’arbitraire de l’armée et à la violence des colons. Au-delà de l’enjeu colonial, il s’agit de les ruiner économiquement et déstructurer les sociétés paysannes parce que c’est un enjeu politique : elles ont toujours été au front. La destruction des paysans passe par la prolétarisation des agriculteurs : à partir du moment ou un paysan n’a plus sa terre, accès à l’eau et moyen de vendre sa récolte, il doit quand même vivre et travailler pour le colon, celui-là même qui lui a volé la terre ». Une ONG estime que 15% des ouvriers agricoles palestiniens travaillent sur des terres qui leur appartenaient directement ou à leur famille (aujourd’hui possédées par des colons).

radio canutPhoto : Emission sur Radio Canut

Elle détaille la situation de ces travailleurs qui finiront pas organiser des grèves, malgré la difficulté du travail syndical surtout en zones occupées. Israël décrète alors une interdiction d’employer des palestiniens sur les colonies : mais c’est cette « main d’œuvre pas chère qui fait l’économie florissante d’Israël ». Face au besoin de trouver des salariés aussi corvéables et précaires, Israël organise alors une filière d’immigration de travailleurs. On assiste à une réelle éthnicisation des travaux puisque chaque secteur doit employer des salariés originaires d’un pays bien précis. Dans l’agriculture ce sont seulement des Thaïlandais qui peuvent être employés, ouvrant les portes à un réel marché parallèle sur les contrats. Sans parler de “l’invisibilisation totale” de ces migrants qui subissent des conditions de vie et travail toujours plus alarmantes.

Elle évoque ensuite la déportation des paysans bédouins, leur exploitation dans les zones industrielles israéliennes ou encore le greenwashing du régime cachant une industrialisation de l’agriculture. Elle finit sur le « deux poids deux mesures » concernant la politique d’immigration israélienne : ouverts aux juifs, méfiants envers les autres. « Il y a un racisme ordinaire absolument délirant en Israël ».

Le travail qu’elle a réalisé pendant 5 mois a permis de renforcer les arguments des campagnes de Boycott des produits israéliens : plus d’infos sur la campagne BDS (Boycott, Disvesments and  Sanctions)

Radio Canut a rappelé que le 30 juin était la « Journée Mondiale pour la libération d’Andres Bodalo », un camarade du syndicat SOC-SAT andalous (syndicat des ouvriers agricoles), emprisonné depuis 3 mois officiellement pour sa participation à des manifestations de 2012 mais surtout pour son implication dans ce syndicat aujourd’hui discriminé.

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