Déclaration Commune Palestine/France

Déclaration commune – Avril 2014

UAWC, PNGO, BDS, LRC, PFU, Confédération paysanne

Ramallah, Mardi 1er Avril 2014,

Une délégation de paysans membres de la Confédération paysanne s’est rendue en Palestine en Avril 2014, pour clôturer une année de travail sur la thématique des ouvriers agricoles saisonniers et migrants en Palestine, en partenariat avec l’UAWC et avec le soutien de l’association Echanges & Partenariats. Ainsi, l’UAWC, la Confédération paysanne, le PFU, le LRC, BDS et le PNGO, réunies à Ramallah, constatent que :

Les violations permanentes des droits des palestiniens, a fortiori des populations rurales, par l’armée israélienne et les colons qui la suppléent causent des dégâts économiques, sociaux et écologiques profonds dans les territoires occupés. En effet, si la spoliation des ressources est une réalité bien connue de l’ensemble des paysanneries à travers le monde, en Palestine, elle prend la forme d’un harcèlement agressif planifié et institutionnalisé de longue date par l’occupation israélienne. Ainsi, la stratégie israélienne de ségrégation, de remplacement et d’asservissement des palestiniens passe par la colonisation des terres, le vol de l’eau, l’interdiction d’accès aux routes, la destruction des récoltes, des bâtiments d’élevage et des habitations des palestiniens, ou encore les violences physiques directes contre les populations civiles palestiniennes. De même, toute tentative de protestation des paysans est réprimée par l’emprisonnement à durée indéterminée, l’expropriation ou encore l’assassinat.

Ainsi, les paysans sont ainsi privés des moyens de production de base et même lorsqu’ils parviennent à obtenir une production de leur travail malgré tout, ils rencontrent les pires difficultés à la commercialiser. En effet, l’agriculture israélienne est l’archétype des agricultures productivistes dans le monde : production intensive, à bas prix, subventionnée, déconnectée des besoins, qui déverse ses excédents réguliers sur les marchés palestiniens. De plus, Israël contrôle les frontières et interdit l’export direct des produits agricoles palestiniens, qui pourrait améliorer le revenu des paysans. Comme partout où cette agriculture se développe, elle détruits les circuits de commercialisations traditionnels et créent une concurrence déloyale avec les agricultures paysannes qui disparaissent graduellement.

Dans ces conditions, les populations paysannes sont les premières victimes de la paupérisation massive et vivent dans des conditions inacceptables. Pour survivre, les paysans palestiniens n’ont d’autre choix que d’aller travailler dans les colonies qui morcèlent la Cisjordanie. Ces ouvriers travaillent dans des conditions d’esclavage moderne : horaires journaliers abusifs, conditions sanitaires déplorables, contrats de travail inexistants, pour moins de la moitié du salaire minimum, sans protection sociale, se pliant à l’humiliation quotidienne des checkpoints…. De plus, les patrons israéliens ont su s’allier à des intermédiaires de travail palestiniens, en permanente concurrence entre eux, au détriment des droits des travailleurs et en dehors de toute légalité.

D’autre part, l’Etat d’Israël organise la mise en concurrence de la main d’œuvre via l’importation de travailleurs thaïlandais qui vise à évincer les travailleurs palestiniens au profit d’une main d’œuvre migrante, fragile par définition. Ces travailleurs migrants sont victimes de réseaux de trafic d’êtres humains sur lesquels l’administration israélienne ferme les yeux tant ils sont lucratifs.

Nous refusons ce type d’agriculture basé sur l’exploitation des femmes et des hommes, la spoliation des ressources, la fraude et l’export car il vise à anéantir les agricultures paysannes dans le monde. En effet, ce sont aussi les agricultures paysannes européennes et leurs travailleurs qui se trouvent fragilisées par les exportations israéliennes, dont l’Europe est la première consommatrice.

De fait, nous constatons également l’implication des Etats européens dans cette situation via les nombreux avantages commerciaux qu’ils accordent à Israël. L’Union européenne finance des projets de développement agricole qui participent à la protection de l’agriculture paysanne. Nous encourageons cette démarche et souhaitons qu’elle soit étendue à plus de zones agricoles, notamment en zone C, au lieu d’être allouée au financement des forces de sécurités et autres zones industrielles.

Conscientes du rôle des paysanneries dans les processus de libération nationale comme dans les mouvements sociaux dans le monde, nous, membres de organisations réunies aujourd’hui, nous engageons à :

  • Nous soutenir mutuellement dans la lutter pour l’acquisition de la souveraineté alimentaire et politique des peuples que nous représentons, en accord avec les objectifs portés par La Via Campesina,
  • Défendre et améliorer les droits internationalement reconnus tels que les conventions internationales relatives aux droits de l’Homme, aux droits des réfugiés, des prisonniers politiques et des travailleurs,
  • Poursuivre notre participation à la campagne BDS, campagne internationale de boycott, désinvestissement et de sanctions d’Israël dans son ensemble.

 

Contacts :

BDS / PNGO : Issam Bakr – or

Confédération paysanne : Emmanuel Aze – , Romain Balandier – , Cécile Luttenschlager – et Ouessale El Assimi – .

LRC : Mohamed Ghazawna –

PFU : Dawood Hammoudeh –

UAWC : Samah Darwish –

 

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